Carrefour attend l'acte II du plan Bompard

Rédigé le 27/10/2019



Le PDG a remis le groupe de distribution sur les rails. Il a procédé à d'importantes économies de coûts et noué de nombreux partenariats qui ont créé une dynamique, même si leurs effets restent encore discrets. Le plan de transformation annoncé le 23 janvier 2018 va entrer dans sa deuxième phase.

Carrefour n'a pas encore guéri tous ses maux. Le distributeur a certes confirmé ce mardi ses objectifs financiers et le chiffre d'affaires progresse un peu. Mais les hypermarchés qui réalisent la moitié de l'activité en France restent à la peine et le cours de Bourse patine entre 15 et 18 euros l'action. « Le marché français demeure très concurrentiel avec six acteurs forts », fait régulièrement valoir Alexandre Bompard, le dirigeant qui estime qu'une concentration serait bienvenue dans le secteur.

L'heure de la mi-temps

Pour l'heure, elle n'est pas intervenue. Pis : quand Casino vend des hypers Géant à Leclerc, la pression concurrentielle augmente, compliquant la tâche d'un PDG qui appelle à la patience. Car si la réduction de la surface de certains hypermarchés et la suppression de rayons non-alimentaires non rentables sont considérées par les experts comme de la bonne gestion, dans un premier temps, cela réduit fatalement la part de marché de Carrefour. Un an et demi après le lancement du plan de transformation de son nouveau patron, Carrefour n'a fait qu'une partie du chemin.

« Nous sommes à la fin de la première mi-temps », résume un cadre. Dans le plan qui court jusqu'en 2022, la promesse d'économies a en tous les cas été tenue : deux fois un milliard d'euros de réduction de coûts avec, notamment, plusieurs plans sociaux. La plupart des gains ont été réinjectés dans les prix, ce qui a permis au distributeur de revenir dans la course, sans toutefois rattraper Leclerc. En France, qui reste le coeur du réacteur, l'enseigne se maintient dans le jeu de la concurrence mais ne redécolle pas. Le thème de la « transition alimentaire » vers un modèle plus sain et plus bio a certes donné une colonne vertébrale à la stratégie mais doit encore payer.

« Envergure », « Forty » et Tesco

Pareil pour les partenariats. « Envergure », la centrale d'achat qui a été montée avec Système U, emploie 20 personnes à Antony, au sud de Paris, et traite avec une centaine de gros fournisseurs. « Forty » mutualise de son côté les achats d'électroménager et de produits techniques avec FNAC Darty. Quinze employés s'y consacrent à plein temps. La collaboration va au-delà des achats. Carrefour concèdeplusieurs rayons électrodomestiques à Darty. Les premiers tests paraissent concluants.

Un partenariat avec Tesco a par ailleurs été signé pour trois ans. Mais le Brexit et le départ du directeur général Dave Lewis compliquent son application. Le bilan n'est cependant pas nul. Selon nos informations, 24 accords commerciaux ont été signés avec des fournisseurs internationaux. Les contrats d'achat suivent.

« La collaboration est plus large, explique un porte-parole de Carrefour. Avant le lancement de Supeco en France, nous avons eu accès à Jack's, le concept discount de Tesco. Nous partageons aussi des sujets comme la logistique urbaine, la RSE ou l'optimisation des données clients ».

La gestion et l'utilisation des données sont au coeur du dernier partenariat qu'Alexandre Bompard a noué. Carrefour est devenu client du « cloud » de Google. En contrepartie,  un « Lab »mélangeant des collaborateurs des deux entreprises est abrité dans le « hub digital » que Carrefour a créé dans le 13e arrondissement. Une solution qui vise la réduction des ruptures en rayon est testée au Carrefour d'Auteuil. Trois cents personnes travaillent également à la digitalisation du commerce. La collaboration vise d'une façon générale à « imaginer la distribution du futur ». Carrefour n'est pas au bout du chemin. Alexandre Bompard le sait. Il entame la deuxième mi-temps du match.

À NOTER

Le distributeur affiche une croissance de 2,3 % au troisième trimestre, à 20,2 milliards d'euros. En France, les ventes se sont contractées de 0,9 % à 9,8 milliards d'euros, avec une baisse de 3,6 % dans les hypermarchés. La base de comparaison est forte : en 2018, c'était le Coupe du monde de foot et son flot de pizzas et de bières.