Carrefour et Loué s'allient contre l'abattage des poussins mâles

Rédigé le 16/02/2020



Selon le distributeur, 30.000 poules auront bénéficié au 1 er mai de la spectrophotométrie, une technique qui permet de différencier le sexe du poussin avant la naissance et évite de recourir au broyage des mâles. Le prix d'une boîte de six oeufs « Fillière Qualité Carrefour » augmentera en conséquence de 16 centimes.

Les industriels avancent sur la question du bien-être animal. Alors que le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a fixé à 2021 l'interdiction du broyage des poussins mâles, Carrefour et Loué prennent les devants.

Le distributeur et la marque, propriété du groupe volailler LDC, ont annoncé lundi avoir noué un partenariat pour produire et vendre des oeufs de poules issus d'une nouvelle technique : la spectrophotométrie.

En clair, cette nouvelle technologie utilise une caméra pour identifier le sexe de l'embryon grâce à la détection de la couleur des premières plumes. Cela permet de sélectionner les poules pondeuses avant leur éclosion et ainsi d'éviter d'avoir recours à l'élimination des poussins mâles.

50 millions de poussins broyés à la naissance

Dans de nombreux élevages de poules pondeuses, les poussins éclosent dans des couvoirs et les propriétaires vendent ensuite les futures poules pondeuses aux éleveurs. Mais les poussins mâles sont immédiatement tués, la filière jugeant qu'il n'est pas rentable de les nourrir. On estime ainsi que chaque année près de 50 millions de poussins sont broyés à la naissance en France.

Début janvier, les ministres de l'Agriculture français, Didier Guillaume, et allemande Julia Klöckner avaient affirmé leur volonté de « partager les connaissances scientifiques » et la « mise en oeuvre de méthodes alternatives ».

La technologie permettant de différencier le sexe du poussin a été conçue en Allemagne. Elle a été utilisée pour la première fois en France début décembre 2019 dans un couvoir de la filiale du groupe allemand ATT, spécialiste de l'accouvage.

Selon Carrefour, 30.000 poules auront bénéficié de cette technologie au 1er mai 2020. A terme, le distributeur souhaite atteindre une production annuelle de 7 millions d'oeufs, sans pour autant préciser dans quels délais.

Trois centimes supplémentaires par oeuf

Cette qualité se répercutera sur le porte-monnaie des consommateurs. Une boîte de six oeufs « Filière Qualité Carrefour » est actuellement vendue 1,78 euro. A partir du 1er mai, le prix de la boîte ayant bénéficié de cette technologie sera de 1,94 euro, soit une augmentation de 16 centimes et moins de trois centimes supplémentaires par oeuf, selon les chiffres fournis par le distributeur.

Reste que pour les associations de défense des animaux ces mesures ne vont pas assez loin. Lors de la présentation du plan bien-être animal du gouvernement, Welfarm et L214 fustigeaient le refus d'interdire la vente d'oeufs de poules en cages, promise par le président lors de sa campagne présidentielle.