La résistance ouvrière se réalise dans la Sécurité sociale

Rédigé le 08/08/2020


Deux ans avant la naissance officielle de FO, des camarades, déjà réunis au sein du journal Résistance Ouvrière, posaient les jalons de notre Sécurité sociale, une sécu désormais attaquée de toutes parts, comme elle le fut aussi à sa création.



Georges Buisson (1878-1946).

 

Dès le 26 juillet 1945, Résistance Ouvrière, l’ancêtre du journal (inFO militante ex FO Hebdo), annonçait le rapport sur la Sécurité sociale dont était chargé Georges Buisson (1878-1946), précisant que les ambitions du syndicaliste étaient déjà attaquées par l’Assemblée consultative : […] Le gouvernement, cédant à la pression conjuguée des caisses patronales de compensation et des associations familiales, a accepté de différer l’intégration des allocations familiales dans l’ensemble de la Sécurité sociale. Ceux qui allaient fonder quelques mois plus tard FO se battaient déjà pour le principe de la caisse unique.

Derrière Buisson, ils veulent une caisse unique de sécurité sociale, regroupant l’Assurance maladie, l’Assurance vieillesse et les allocations familiales, c’est-à-dire une solidarité par construction entre les générations.

L’alliance des contraires

Le PCF et le MRP (démocrate-chrétien), membres du gouvernement de Gaulle, vont essayer de vider de leur contenu les ordonnances du 4 octobre 1945. Les « cathos » veulent des caisses d’allocations familiales autonomes par rapport à la « Sécu ». Le PCF leur emboîte le pas. Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail, fait passer des deux tiers à la moitié la proportion des représentants salariés dans les conseils d’administration des caisses d’allocations familiales. Il s’agit alors pour le PCF de prendre systématiquement le contre-pied des mesures défendues par les amis de Georges Buisson. Henri Raynaud, autre cadre communiste important dans la direction de la CGT d’après-guerre, va réussir à obtenir l’autonomie administrative et financière des « allocs » vis-à-vis de la « Sécu ».

Il faudra attendre les ordonnances de 1967 pour que cela soit réduit à néant. Quoi qu’il en soit, ce sont bien les futurs militants de la CGT-FO qui vont asseoir les bases d’une sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Une « sécu » que les derniers gouvernements voudraient bien tronçonner pour l’affaiblir au profit d’un système privatisé, loin du pacte social français né du programme du Conseil national de la Résistance.