Carrefour roule pour le biométhane

Rédigé le 21/09/2020


Afin de valoriser les déchets organiquesdes magasins en les transformant en carburant, Carrefour France a organisé une boucle vertueuse de nouveaux véhicules de livraison au biométhane et de stations-service spécialisées.



Lexique

  • GNV : gaz naturel pour véhicule. Terme générique pour tous les types de carburants au gaz naturel.
  • GNC : gaz naturel comprimé, issu du réseau de distribution et compressé à 200 bars.
  • Biométhane carburant ou bioGNC : GNC totalement décarboné à 100 % d’origine renouvelable par méthanisation des déchets.

«Carrefour a mis en place une politique ambitieuse en matière de logistique et de transports afin de réduire ses émissions de CO2 », assure Philippe Pieri, directeur stratégie, achats et développement durable transport de Carrefour. Le choix du biométhane, ou bioGNC, s’inscrit dans cette politique dont l’objectif à l’horizon 2030 est la réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre par palette transportée par rapport à 2019. Les camions utilisant ce biocarburant améliorent en effet leur performance environnementale avec une réduction de 75 % des émissions de CO2, la suppression des émissions de particules fines (- 99,5 %) et la réduction de 50 % des nuisances sonores, notamment au démarrage.

Concrètement, le bioGNC est un gaz naturel comprimé 100 % d’origine renouvelable par méthanisation des déchets. « On compte 123 sites de méthanisation sur le territoire et 1 085 nouveaux projets déclarés, ce qui représente une ouverture de site toutes les deux semaines », se réjouit Caroline Maleplate, déléguée GNV (gaz naturel pour véhicule) chez GRDF. Ces déchets sont agricoles, industriels, alimentaires, des boues d’épuration, des effluents d’élevage... « Nous misons sur l’impact environnemental, mais aussi social et sociétal de ce projet. Il s’agit d’un carburant local made in France. Il n’est pas délocalisable », insiste Philippe Pieri. Avec 1 tonne de déchets, on obtient 50 kilos de biométhane, qui permettent de rouler 200 km. Avec les biodéchets d’un seul hyper (en moyenne 100 tonnes par an), un camion peut donc parcourir jusqu’à 20 000 km.

Une économie circulaire

Chez Carrefour, le premier camion a été livré en 2012, et le déploiement décidé en 2014. Le distributeur fait déjà rouler 450 camions au bioGNC, pour livrer chaque jour ses magasins dans les grandes métropoles françaises. Il veut atteindre 1 200 unités d’ici à la fin 2022. « Le surcoût d’achat d’un camion est limité à 25 % par rapport au diesel et le carburant coûte 20 à 30 % moins cher », note Caroline Maleplate. Et les transporteurs bénéficient d’un accompagnement de Carrefour sur l’achat du carburant et des véhicules GNV sur la durée de vie de leurs investissements, estimée à six ans. « Le transporteur peut s’engager dans un modèle économique durable. Et nous participons à la construction de 21 stations-service publiques de biométhane branchées au réseau GDRF. Nous sommes dans une notion d’économie circulaire et nous voulons que tout le monde y participe et en profite », ajoute Philippe Pieri.

La station-service doit être à moins de 10 km de l’entrepôt et bénéficier au minimum de 20 à 30 camions, sachant que ceux-ci peuvent tourner dans un rayon de 150 à 200 km. Plus de 50 transporteurs travaillent déjà en bioGNC avec Carrefour. L’autonomie peut dépasser les 600 km, contre 1 500 pour un véhicule au diesel avec double réservoir. Et les temps de recharge sont rapides : moins de quinze minutes pour faire un plein. « Chez nous, un camion peut effectuer deux missions dans la journée, ce qui fait moins de 600 km par jour. Ainsi la majorité des camions font un seul plein quotidien. La solution au bioGNC est donc adaptée à notre organisation de transport », constate Philippe Pieri. Seul bémol, le GNV, moins taxé aujourd’hui, peut demain être freiné par de nouvelles législations ou fiscalités. « Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas, demain, une technologie qui remplacera le pétrole, mais plein de technologies différentes qui serviront selon les usages », conclut Caroline Maleplate.