Chômage partiel dans les Market : Jean-Marc Robin (Délégué Central FO) demande directement à la patronne de stopper le processus

Rédigé le 14/11/2020


Jean-Marc Robin (Délégué Central FO Market) écrit directement à Caroline Dassié (Directrice Exécutive des supermarchés France du groupe Carrefour)

Madame Dassié,

Suite à la décision gouvernementale de faire fermer les rayons non essentiels, le Groupe Carrefour France a décidé, il y a quelques jours, de recourir massivement au chômage partiel. Plongeant les salariés dans l’incompréhension la plus totale.

Comment après avoir annoncé d’excellents résultats, les meilleurs depuis plus de 20 ans, le groupe peut-il prendre une telle décision ?

Chacun a su faire preuve d’engagement, de solidarité et surtout de courage afin de garantir sans faillir la distribution alimentaire du pays, durant des semaines lors de la première vague. Au mépris, parfois, de leur santé et celle de leur famille. Ils étaient les héros de cette France confinée.

L’entreprise et les clients ont ainsi pu leur faire confiance. A ce jour, il en ressort que l’ensemble des salariés est épuisé, tant physiquement que moralement.

A l’annonce du deuxième confinement, ils se sont de nouveau mis en ordre de bataille, prêts à affronter dignement cette vague qui, à l’écoute des experts, est encore plus violente et virulente que la première.

La situation sanitaire de notre pays et les mesures mises en place par l’exécutif ont entraîné un surcroît d’activité : Call and Collect, explosion du Drive, démultiplication des colis à distribuer, PGC dévalisé ; sans oublier la préparation de l’inventaire général de fin novembre. Toutes ces activités qui viennent en supplément du quotidien des supermarchés en période de fin d’année.

Ils se sentent trahis, ils ne comprennent pas, surtout après tant de sacrifices. C’est un non-sens opérationnel : pourquoi vider les magasins de ces acteurs principaux, alors qu’il y a tant à faire ? Les résultats s’en ressentiront forcément.

Pire que tout, vous avez réussi à créer une fracture entre les équipes et leur encadrement. 

Les règles sont incompréhensibles : 

-       On m’impose 10% de chômage partiel et pourtant mon chef me programme des heures supplémentaires (ou complémentaires) pour rattraper le travail qui ne manquera pas d’être en retard. 

-       Je travaille au Drive, mes collègues resteront chez eux et percevront la même rémunération que moi…

-       Mon manager m’a déjà fait rentrer chez moi 2 heures pour les déduire de la journée d’absence.

-       Dans mon magasin, le directeur a ouvert une liste nominative avec le nombre d’heures à récupérer suite au chômage partiel.

-       Je travaille à l’accueil, j’ai 200 à 300 colis par jour, en plus je dois accompagner les clients qui veulent un produit dans les rayons fermés, les aider à choisir et ensuite revenir à l’accueil pour l’encaissement, je n’y arrive pas et pour couronner le tout on va m’imposer de ne pas venir travailler une journée de plus…

-       Je suis affecté au Bazar, ma directrice m’a imposé d’aider l’équipe Drive, suis-je concerné par le chômage partiel à 50% ?

-       On galère déjà dans les magasins par manque de bras, avec le chômage il va y en avoir encore moins, ils veulent notre mort ou quoi ?

-       Avec tout ça ils ne vont pas se gêner pour proratiser nos primes….

Je vous ai épargné les interventions les plus violentes ou insultantes

Depuis deux jours, les délégués et les élus FO reçoivent des dizaines et des dizaines de questions et de témoignages. C’est un foutoir sans nom dans les magasins. Entre les décisions illégales et celles incohérentes, la tension monte. Dans certains magasins les équipes sont à fleur de peau, de telle sorte qu’il n’y a plus de dialogue possible entre le directeur et les salariés.

Vous avez réussi là où tant de vos prédécesseurs ont échoué, faire l’unanimité dans les magasins sur un projet national. Je ne peux que vous en féliciter. 

Pour conclure, je vous demande instamment de revoir votre position et de prendre exemple sur la Supply en annulant la mise en place du chômage partiel dans notre entreprise. Au-delà de la préservation des bons résultats de nos magasins, il en va de la paix sociale et du rétablissement de la solidarité et de l’entraide pour faire tourner la boutique en cette période doublement compliquée avec la pandémie et les fêtes de fin d’année.

Cordialement,