RACHAT DE CARREFOUR: LE PDG DE COUCHE-TARD N'A PAS DIT SON DERNIER MOT

Rédigé le 20/01/2021


Si le patron du groupe canadien de distribution assure entendre les craintes du gouvernement français concernant la sécurité alimentaire, il continuera à suivre le dossier Carrefour et compte nouer des partenariats avec le groupe français.

Le PDG du canadien Couche-Tard a affirmé lundi qu'il serait prêt à tenter un nouveau rapprochement avec Carrefour si la situation évoluait favorablement en France, deux jours après l'annonce de l'interruption des négociations suite à un veto de Paris.

"Nous aimerions faire cette transaction", a affirmé le président et chef de la direction du distributeur canadien, Brian Hannasch, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

"Donc, si nous recevions des signaux que l'environnement pourrait changer ou changerait de la part du gouvernement français ou d'autres acteurs clés, nous aimerions avoir l'occasion de nous engager à nouveau dans de bonnes conditions", a-t-il déclaré.

Et cela "en supposant que nous n'avons pas trouvé d'autre moyen de créer plus de valeur pour nos actionnaires", a-t-il dit.

"Nous resterons à l'écoute et nous verrons ce qui se passera, mais pour l'instant, c'est définitivement clos", a-t-il toutefois rappelé après le non "courtois, mais clair et définitif" à un rapprochement exprimé par le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire.

"Nous continuerons à surveiller la situation"

Après le veto français, les deux groupes sont convenus samedi de poursuivre leurs discussions sur d'éventuels "partenariats opérationnels", comme dans la distribution de carburants ou l'achat en commun.

"Je pense que nous nous sommes lancés dans cette aventure les yeux grands ouverts en sachant que c'était un risque", a reconnu Brian Hannasch. Le gouvernement français s'est opposé à l'opération au motif que "la sécurité alimentaire" de la France "n'a pas de prix", comme l'a dit Bruno Le Maire.

"La pandémie a mis en lumière la question de la sécurité alimentaire, particulièrement en France", a concédé le PDG de Couche-Tard.

"Il est donc difficile de dire si cela changera avec le temps. Nous continuerons à surveiller la situation, mais pour l'instant, tout en respectant la position du gouvernement français, nous agissons en conséquence", a-t-il précisé.

Les analystes de Citi jugent encore possible une relance des discussions entre Carrefour et Couche-Tard à une date ultérieure. Un accord de fusion entre Carrefour et Casino est cependant également une possibilité, note la banque américaine d'investissement. 

"Les éléments de langage et le cours de Bourse de Carrefour et d'Alimentation Couche-Tard nous suggèrent que les deux parties se réengageraient au moindre encouragement, que ce soit maintenant ou à moyen terme", écrivent les analystes de Citi.

"En outre, nous continuons à nous demander si l'alliance avec Alimentation Couche-Tard pourrait conduire Carrefour et Casino Groupe à envisager de nouveau une fusion comme voie alternative, permettant des synergies à la fois sur le plan national et en Amérique latine".

De son côté, la SocGen affirme que Carrefour pourrait encore céder ses magasins de proximité à Couche-Tard... De quoi permettre au distributeur français de retourner des liquidités "importantes" aux actionnaires mais aussi d'accélérer les acquisitions "tactiques" et, potentiellement, de fusionner avec Casino. Les deux sociétés pourraient également créer une entreprise commune pour regrouper leurs magasins de proximité en Europe dans le but d'accélérer les ouvertures et les acquisitions tactiques. "Une fusion Carrefour/Casino pourrait être un scénario crédible" mais seulement sous certaines conditions, notamment la cession des hypermarchés Geant par Casino et le redressement des hypermarchés français chez Carrefour, précise le broker.

Et à court terme, Couche-Tard pourrait se lancer dans un programme de rachat de ses actions pour accroître le rendement de ses actionnaires, a-t-il ajouté. A la Bourse de Toronto, l'action Couche-Tard reprenait un peu de tonus lundi, s'appréciant de 1,9% dans les premières transactions, à 38,71 dollars canadiens (25,11 euros). Mais elle restait à un prix inférieur à celui précédant l'annonce d'une opération sur Carrefour la semaine dernière.



Brian Hannasch