LSA : Pour la fondation Carrefour "2021 est l’année de l’urgence"

Rédigé le 23/02/2021


LSA : la fondation fête ses 20 ans. Avec quelles réalisations ?
Marie-Astrid Raoult : Nous sommes présents sur des projets  qui portent sur l’agriculture durable et solidaire, l’anti gaspillage, et l’engagement sociétal. Dans le cadre de notre mission de transition alimentaire solidaire, nous avons mis en place de nouvelles orientations en 2018, sur l’engagement citoyen et la recherche médicale en lien avec l’alimentation. A l’international, nous travaillons avec les équipes locales des  pays où le groupe Carrefour est présent. C’est le cas en Espagne, ou sa fondation locale fête également ses 20 ans. Nous y accompagnons des actions  locales, en faveur de la transition alimentaire. Je peux citer l’exemple d’une association où nous finançons les frais de fonctionnement afin d’accompagner son développement. Aujourd’hui nous co-construisons  beaucoup de projets. On demande à ne plus être uniquement des financeurs. On participe aux comités de pilotage, on aide certaines associations à définir leurs priorités, etc.

Comment les missions sont-elles gérées ?
La fondation bénéficie d’une dotation annuelle de 6,75 millions d’euros à destination de nos trois programmes et d’un engagement fil rouge depuis nos débuts qui est l’aide d’urgence internationale. Nous nous appuyons sur notre capacité logistique avec les entrepôts Carrefour, qui permet d’être présent très rapidement sur le terrain. D’ailleurs les acteurs comme les municipalités, ou les régions se tournent souvent vers nous. Avec le groupe, nous avons la capacité de réceptionner, stocker, redistribuer des produits aux associations. Ce qui a marqué le plus les esprits dernièrement, c’est l’explosion du port de Beyrouth au Liban en août dernier qui a dévasté le pays et où, avec l’aide du Ministère des affaires étrangères nous avons été en capacité d’acheminer des denrées alimentaires, pour ensuite les réceptionner sur place, les stocker et les redistribuer aux associations reconnues.

Comment avez-vous vécu l’année 2020, en termes d’actions et d’organisation, en pleine pandémie ?
Avant le confinement en France nous avons observé ce qui se passait en Italie et en Roumanie qui étaient déjà dans une situation de crise. Ensuite l’Argentine et le Brésil ont été touchés. Il a fallu s’adapter, et 3 millions d’euros ont été débloqués de manière exceptionnelle pour aider tous nos pays intégrés, que ce soit pour soutenir des hôpitaux en Belgique ou en Pologne, Médecins sans frontières en Italie, ou pour aider à lutter contre la précarité alimentaire sur l’ensemble des pays, avec la Croix rouge, ou les Banques Alimentaires. En France nous avons notamment soutenu le fonds d’urgence de  l’AP-HP pour la recherche sur la COVID-19 ou financé  des équipements médicaux. On a pu constater que cette crise sanitaire a permis de resserrer les liens entre la Fondation et les différentes branches de l’entreprise, comme la RSE, la communication, les marchandises. Malgré la tension liée à la situation, il y a eu un véritable travail collectif, derrière l’enjeu de solidarité. 2020 était une véritable année d’adaptation pour l’ensemble des équipes.

L’année 2020, éprouvante, est à peine terminée que 2021 a démarré, avec des sujets tels que la précarité étudiante, entre autres…
Au premier confinement il y a eu une rupture de la chaîne alimentaire du don en France car les bénévoles des associations ne pouvaient plus sortir, il n’y avait plus de logistique, plus de ramasse dans certains magasins.  La Fondation et les équipes de Carrefour France ont été sollicitées de toutes parts, comme d’autres acteurs. Nous avons réussi à mettre en place des dons de la supply et des magasins. On a ouvert nos Promocash aux associations, financé l’achat de denrées alimentaires. Nous avons également participé, avec d’autres parties prenantes, à la création de l’initiative www.solidariteassociations.com. C’est un site, comme le bon coin, qui met en relation les associations, les donateurs de produits alimentaires ou de biens de première nécessité, les transporteurs ou stockeurs. Ce qui m’a marqué, en dehors de cette situation inédite, c'est le problème de la logistique. Par exemple, nous avons failli perdre un camion de yaourts car on n’avait pas de plateforme disponible pour l’accueillir.
Aujourd’hui, globalement, et malgré les conditions toujours compliquées, nous n’avons pas eu d’abandon de projets en cours avec nos différents partenaires. Il y a eu des décalages de projet, des stop & go, et nous avons apporté des coups de pouce. 2021, c’est l’année de l’urgence. Pour autant cela nous conforte dans nos choix, car on soutient aussi des programmes, avec Agroparistech par exemple, qui porte sur l’agriculture urbaine pour endiguer la précarité alimentaire. Mais nous avons été rattrapés par la précarité. Et d’ailleurs nous avons affecté un budget spécifique sur la précarité étudiante cette année, car c’est un public qui ne vient pas forcément dans nos réseaux habituels de dons alimentaires.

Propos recueillis par Morgan Leclerc