Les autorités chinoises ont infligé au groupe de commerce en ligne Alibaba une amende géante de 18,2 milliards de yuans (2,31 milliards d’euros)

Rédigé le 20/04/2021


Les autorités chinoises ont infligé au groupe de commerce en ligne Alibaba une amende géante de 18,2 milliards de yuans (2,31 milliards d’euros). Elles lui reprochent un abus de position dominante. Cette amende fait suite à une enquête entamée contre Alibaba en décembre dernier, selon l’agence Chine Nouvelle. Alibaba était accusé d’exiger l’exclusivité des commerçants souhaitant vendre leurs produits sur sa plateforme, en évitant les sites rivaux de commerce en ligne.

« Depuis 2015, le groupe Alibaba a abusé de sa position dominante sur le marché » pour obtenir un avantage injuste avec l’exigence d’exclusivité, a déclaré le régulateur. Ce comportement a restreint la concurrence et l’innovation dans le secteur et a violé les droits et intérêts des entreprises et des consommateurs, a-t-il ajouté.

Cette amende record représente près de trois fois le montant de près d’un milliard de dollars (environ 830 millions d’euros) infligé à l’entreprise américaine de télécommunications Qualcomm en 2015, selon Bloomberg. Le montant de la sanction a été déterminé après que les régulateurs ont décidé d’infliger à Alibaba une amende correspondant à 4 % de son chiffre d’affaires de 2019, soit 455,7 milliards de yuans (environ 58 milliards d’euros). « Nous acceptons sincèrement cette sanction et nous nous y conformerons fermement », a brièvement réagi Alibaba dans une déclaration en ligne. Le groupe s’est également engagé à mettre ses activités en conformité avec la réglementation « et à mieux assumer » ses « responsabilités sociales ».

Une introduction en bourse stoppée in extremis par l’Etat

Alibaba et d’autres grandes entreprises de technologies chinoises font face à des pressions dans un contexte d’inquiétude croissante quant à leur influence en Chine, où les consommateurs utilisent ces plateformes de premier plan pour communiquer, faire des achats, payer des factures, réserver des taxis, contracter des prêts et toute une série d’autres tâches quotidiennes. Alibaba, en particulier, fait l’objet d’un examen minutieux depuis octobre 2020. Son cofondateur, Jack Ma, a alors accusé les régulateurs chinois d’être en retard sur leur temps pour avoir exprimé leur inquiétude quant à l’expansion de la branche financière d’Alibaba, Ant Group, dans les domaines des prêts, de la gestion de patrimoine et de l’assurance.

La Chine cherche à freiner l’endettement personnel et les prêts chaotiques. L’importance grandissante de Ant ainsi que les rares critiques publiques de Jack Ma ont été considérés comme un défi à la sphère financière dominée par l’État dans le pays. Les géants du commerce électronique Alibaba et JD. com, ainsi que le colosse de la messagerie et des jeux Tencent, ont profité de l’essor du numérique dans la vie des Chinois et de l’interdiction par le gouvernement des principaux concurrents américains sur le marché intérieur pour devenir certaines des entreprises les plus cotées au monde.

Avant même l’annonce, la répression chinoise a déjà coûté cher à Alibaba et Jack Ma. En novembre 2020, les régulateurs chinois ont stoppé in extremis une colossale introduction en Bourse à 34 milliards de dollars (28 milliards d’euros) d’Ant Group, une filiale d’Alibaba pour le paiement en ligne, avant de lui ordonner de revenir à ses compétences premières de fournisseur de services de paiement en ligne.

Les actions des principaux acteurs technologiques ont souffert de l’intensification de la surveillance des grandes plateformes technologiques. Le Wall Street Journal a rapporté en mars qu’Alibaba est également poussé à se défaire d’un large éventail d’actifs médiatiques, y compris une vente potentielle du South China Morning Post de Hongkong.