Comment Bernard Arnault, le patron de LVMH, s’est enrichi de près de 100 milliards de dollars en un an

Rédigé le 28/04/2021


Bernard Arnault a montré qu’il était bon d’être un magnat du luxe, même dans un contexte de pandémie mondiale. Certes, le chiffre d’affaires du conglomérat de luxe français LVMH a chuté de 17% en 2020 et les bénéfices de 28%, mais on ne le devinerait jamais en regardant le cours de l’action de la société. La fortune de Bernard Arnault, le patron de LVMH et la troisième personne la plus riche du monde, s’élève actuellement à 171 milliards de dollars, soit 95 milliards de dollars de plus qu’il y a un peu plus d’un an, résultat d’une hausse de 107% du cours de l’action depuis le 18 mars 2020. Les actionnaires, semble-t-il, ont fait le pari que les revenus et les bénéfices allaient rebondir.

 

LVMH a enregistré un chiffre d’affaires de 16,7 milliards de dollars au premier trimestre 2021, en hausse de près d’un tiers par rapport à la même période en 2020, grâce aux gains importants réalisés par les divisions de la société chargées de la vente de montres et de bijoux ainsi que celles chargées de la mode et de la maroquinerie. Thomas Chauvet, analyste de Citigroup, a écrit dans une note de recherche publiée le 26 mars qu’il s’attend à ce que les ventes de LVMHaugmentent cette année « à la lumière de solides données sur le luxe en Chine et aux États-Unis ».

Bernard Arnault, âgé de 73 ans, tire l’essentiel de sa fortune nette de sa participation de 47% dans LVMH, qui possède des marques telles que Louis Vuitton, Fendi, la vodka Belvedere et le champagne Dom Pérignon. Le reste de sa fortune provient d’une participation de 2% dans le fabricant de maroquinerie Hermès, d’une participation de 6% dans le géant français de la distribution Carrefour et d’une somme estimée à 1 milliard de dollars en liquidités et autres investissements.

 

Il a connu une année mouvementée

LVMH s’est effondré de 25% à environ 343 dollars par action en deux semaines au début du mois de mars 2020, au milieu de la déroute du marché induite par la Covid, avant de rebondir régulièrement. En avril 2020, la société a annoncé à certains employés qu’elle allait réduire leurs heures de travail et les placer dans le programme d’aide à l’emploi du gouvernement français, avant de faire marche arrière dans un effort de « solidarité nationale ». En juin, l’action avait récupéré toutes ses pertes. En novembre, les actions avaient grimpé à 589 dollars, soit 13% de plus que les sommets atteints avant l’arrivée de la Covid.

En janvier, LVMH a remporté une grande victoire lorsque la société a finalement conclu son acquisition tant attendue – et difficilement obtenue – du joaillier emblématique Tiffany & Co. Les deux sociétés avaient initialement convenu d’un accord de 16,2 milliards de dollars en novembre 2019, qui s’est ensuite dénoué dans le contexte de la pandémie, LVMH ayant cherché à « reporter » l’acquisition en septembre dernier. Tiffany & Co a poursuivi LVMH en réponse, ce qui a conduit à une contre-plainte de LVMH, mais les deux sociétés ont convenu d’un prix légèrement moins élevé en octobre, valorisant Tiffany & Co à 15,8 milliards de dollars. Un mois plus tard, en février, LVMH a scellé un partenariat avec Jay-Z pour acheter 50% de la marque de champagne Armand de Brignac du rappeur milliardaire pour environ 300 millions de dollars. LVMH a été durement touchée par les fermetures de magasins sur des marchés clés tels que la Chine et l’Europe au début de l’année 2020, mais l’activité s’est redressée au cours de la seconde moitié de l’année avec la reprise des États-Unis et de la Chine, le secteur de la mode et de la maroquinerie de la société – y compris les marques clés Louis Vuitton et Givenchy– affichant des gains à deux chiffres.

 

Bernard Arnault ne se contente pas d’accumuler les victoires avec LVMH

Son family office, Financière Agache, est également partenaire de la société de capital-investissement franco-américaine L Catterton aux côtés de LVMH. Au cours des douze derniers mois, L Catterton a multiplié les investissements, réalisant des opérations dans des secteurs allant des soins de santé aux prêts hypothécaires. L’une de ses plus grandes acquisitions a eu lieu en janvier avec le rachat, pour 3,4 milliards de dollars, d’une participation estimée à 70% dans le fabricant allemand de sandales Birkenstock, un accord qui a fait naître deux nouveaux milliardaires, les frères Alex et Christian Birkenstock. L Catterton a également investi 250 millions de dollars dans la société de technologie indienne Jio Platforms – une filiale du conglomérat Reliance Industries dirigée par le milliardaire indien Mukesh Ambani – en juin et a investi 400 millions de dollars dans le croisiériste Norwegian Cruise Line en mai 2020, un pari à contre-courant qui a porté ses fruits lorsque Norwegian Cruise Line a racheté les obligations pour plus d’un milliard de dollars le mois dernier. Au total, L Catterton a investi plus de 2,3 milliards de dollars dans 20 entreprises en 2020 et affirme avoir gagné 4 milliards de dollars avant impôts grâce à 12 investissements dont elle s’est totalement ou partiellement retirée.

En février, Bernard Arnault s’est également lancé dans la dernière tendance à prendre d’assaut les marchés financiers en lançant sa propre société de chèques en blanc en partenariat avec le gestionnaire d’actifs français Tikehau Capital. Le nouveau SPAC, qui aurait été nommé Pegasus Europe, sera coté à Amsterdam, le lieu choisi par au moins trois autres sociétés de chèques en blanc depuis 2020.

 

Note de la rédaction : Cet article a été mise à jour avec les résultats de LVMH pour le premier trimestre 2021 et les nouveaux calculs de la fortune nette après la clôture de la Bourse de Paris le 13 avril 2021.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Giacomo Tognini