LES FRANÇAIS EN ONT RAS LE BOL DES "PETITS CHEFS"

Rédigé le 16/08/2019



Si les salariés pensent majoritairement que l’autorité est utile en entreprise, ils dénoncent les abus de certains de leurs responsables. 

 

Il y a trop de "petits chefs". C’est le constat d’une étude menée par OpinionWay pour Dropbox. Selon cette enquête, où 1.002 personnes ont été interrogées, 88% des salariés estiment que trop de "petits chefs" abusent de leur autorité dans les entreprises. Pourtant, selon les chiffres publiés par le Figaro, la majorité des Français (67%) s’accorde sur le fait qu’ils ont besoin d’autorité pour progresser dans l’entreprise et 77% déclarent qu’elle est même nécessaire pour réussir. Ce qui coince, c’est bien l’excès d’autoritarisme dont souffrent certains responsables, et ce sont les femmes qui le dénoncent particulièrement. 89% d’entre elles ne le supportent pas contre 85% du côté de la gent masculine. Le secteur privé est également plus touché que le secteur public.

Une relation basée sur la confiance mutuelle

Toujours selon le sondage OpinionWay, ces "petits chefs" nuisent à l’épanouissement (44%) et à la productivité (39%) des salariés. Face à cette situation, les Français restent cependant optimistes et 92% d’entre eux estiment que l’exercice de l’autorité en entreprise sera amené à évoluer. Selon les sondés, il devra à l’avenir reposer sur la confiance mutuelle entre le salarié et l’employeur (19%), mais également prendre en considération la nécessité de récompenser davantage le mérite, de mieux respecter les salariés et de les impliquer dans la prise de décision (13%).

 

Les personnes interrogées ont également défini l’autorité comme la "faculté à prendre des décisions" (60%), à "établir des règles" (45%) et à "diriger un projet" (42%). A contrario, "donner des ordres" (19%) n’arrive qu’en avant-dernière position des rôles attribués aux managers par les personnes sondées. Une tendance qu’ont souvent les fameux "petits chefs".

Le syndrome du mâle alpha ?

Ces types de dirigeants seraient nombreux dans les entreprises françaises. Le magazine Forbes en avait d’ailleurs dressé le portrait en 2017, estimant que "ce nuisible résistant" avait tendance à humilier, user de la maxime "diviser pour mieux régner", pratiquer la rétention d’information, et confondait autorité avec autoritarisme en jouant au "mâle alpha". Il est également décrit comme un "control freak" allergique à la délégation qui se conduit comme "un boutiquier" peu prompt à faire évoluer ses salariés.

 

Un portrait peu flatteur pour ces responsables peu appréciés en entreprise. Interrogé par France Info, Jean-Vincent Raymondis, ancien officier ayant dirigé des troupes en Yougoslavie, au Kosovo ou en Afrique et désormais à la tête de 1.500 hommes, estime que désormais, "le rôle du manager c'est de donner de l'autonomie individuelle et collective aux équipes pour pouvoir prendre [des] décisions. S'il descend sur des sujets du quotidien, les sujets sur lesquels les équipes doivent lever le doigt pour demander quelque chose, là, on est dans cette logique de petit chef".