Dividendes : jackpot pour les actionnaires, mais pas pour les salariés

Rédigé le 23/08/2019



Les grandes entreprises n’ont jamais versé autant de dividendes à leurs actionnaires, surtout en France. Une preuve que les entreprises se portent bien, mais qui fait grincer des dents. Car les salaires, eux, sont nettement moins bien lotis.

La France, championne d’Europe 2019 des dividendes. Le dernier rapport du cabinet Janus Henderson, qui tient depuis 10 ans un indice pour "dégager des tendances" sur la rémunération des actionnaires, affirme que l’Hexagone est "le plus grand payeur de dividendes en Europe". Et "de loin", précise-t-il.

Au seul deuxième trimestre de 2019, les entreprises françaises ont en effet versé 51 milliards d’euros à leurs actionnaires, un chiffre en hausse de 3,1 % par rapport à 2018.

Quatre fleurons français dans le Top 20 

Janus Henderson explique que cette croissance est notamment due à la progression d’un seul groupe, le spécialiste du luxe Kering (Yves-Saint-Laurent, Gucci, Pomellato, Boucheron…) qui a connu "une forte hausse de ses bénéfices". Mais la plupart des sociétés tricolores – le cabinet analyse les 1 200 plus importantes entreprises cotées en bourse dans le monde – voient leurs dividendes augmenter. Seule EDF en a versé moins que l’an dernier.

Quatre fleurons hexagonaux font même partie du Top 20 mondial : le spécialiste des médicaments Sanofi (3e place), la banque BNP Paribas (5e), le mastodonte de l’énergie Total (10e), et l’assureur Axa (16e).



Un bond de près de 60 % depuis 2013

À ce jeu-là, la France est désormais intouchable au niveau européen. L’Allemagne a versé sur la même période "seulement" 38,5 milliards de dollars de dividendes, le Royaume-Uni 35 milliards. Surtout, la progression française est impressionnante. En 2013, la France était encore derrière l’Allemagne pour ce même classement. Depuis, elle a vu les versements de ses dividendes bondir de près de 60% %, quand la moyenne continentale se situe à 24 %.

Bien que ces statistiques, issues d’une étude de cabinet privé, soient à prendre avec une certaine précaution, elles confirment la rentabilité de ces placements financiers, et le fossé qui se creuse entre investissement et salaire.

Une revalorisation du Smic de 1,5% cette année

Car au moment où ces revenus du capital explosent, ceux du travail suivent une courbe nettement plus plate, en France en tout cas. Entre 2018 et 2019, les salariés payés au Smic ont ainsi dû se contenter d’une revalorisation de… 1,5 %. Et selon l’Insee, le salaire moyen n’a progressé que de 1,7 % en France en 2017, puis de 2 % en 2018. La hausse devrait être à peine plus élevée cette année.

Le tout avec une inflation qui s’est redressée l’an passé (1,8 %) après être restée faible plusieurs années de suite.

L'évolution de l'indice, qui part de 2009, montre une augmentation des versements de dividendes partout dans le monde. Mais ce n'est pas en Europe qu'elle est la plus forte.