Marges sur les fruits et légumes bio : Carrefour se défend

Rédigé le 23/08/2019



Benoît Soury, directeur des marchés bio de Carrefour, répond à l'enquête d'UFC-Que choisir sur les marges juteuses de la grande distribution sur les fruits et légumes bio. Selon lui, la marge est seulement 1,5 point plus élevée, et vise à compenser leur vieillissement plus rapide.

Benoît Soury, directeur des marchés bio de Carrefour, répond à l'enquête d'UFC-Que choisir sur les marges juteuses de la grande distribution sur les fruits et légumes bio. Selon lui, la marge est seulement 1,5 point plus élevée, et vise à compenser leur vieillissement plus rapide.

  • Selon une enquête de l’UFC-Que choisir publiée ce jeudi, la grande distribution pratique des marges brutes bien plus élevées (de 75 % en moyenne) sur le bio que sur les produits conventionnels, notamment sur les produits les plus consommés, comme les tomates, les pommes ou les poireaux. Benoît Soury, directeur des marchés bio de Carrefour, répond à l’association, et justifie des marges, pas si élevées que cela selon lui.
Comment se fait-il que les marges de la grande distribution soient bien plus élevées sur les fruits et légumes bio, que sur ceux issus de l’agriculture conventionnelle ?

Les marges auxquelles fait référence l’enquête d’UFC-Que choisir sont exprimées en valeur absolue [exprimée en euros] et non en pourcentage. Or au départ les fruits et légumes bio sont plus chers du fait de leur prix de revient. La marge est donc mécaniquement plus importante, puisque calculée sur un prix à la production plus élevé. Si l’on raisonne en pourcentage, la marge sur les produits bio est 1,5 point plus élevée. Elle compense le vieillissement plus rapide des fruits et légumes bio, ce qui fait que nous avons, sur les étals une perte plus importante. A titre d’exemple, une pomme de l’agriculture conventionnelle se conserve toute l’année dans des frigos spéciaux et peut rester douze jours sur un étal. Alors qu’une pomme bio ne pourra être vendue que quatre ou cinq jours. En outre, nous prenons le parti de réduire les emballages en plastique sur les fruits et légumes bio, ce qui impacte aussi leur durée de commercialisation.

Carrefour se présente comme le premier vendeur de produits bio en France pourquoi alors ne pas réduire les marges et donc baisser les prix de vente ?

Dans une autre enquête d’UFC-Que choisir réalisée à partir d’un panier de produits bio, nous arrivons dans le tiercé de tête des enseignes les moins chères. Lorsque nous avons choisi de vendre le litre de lait bio à 87 centimes nous nous sommes attiré des critiques sur le prix payé aux producteurs. Nous avons également choisi d’accompagner les producteurs qui se convertissent au bio dans l’hexagone, de manière à proposer 70% de fruits et légumes d’origine France. Nous souhaitons également ne plus vendre de produits cultivés sous serre. Il n’y aura plus de tomates produites de cette manière sur les étals Carrefour bio.

A l’avenir, les prix des fruits et légumes bio sont-ils amenés à baisser ?

Oui, si l’on met de côté, les aléas climatiques. Chaque jour en France, plus de vingt exploitations agricoles se convertissent au bio. En 2021, 10% de la surface agricole sera cultivée en bio. Il y a un an et demi nous avions un seul producteur de carottes bio. Aujourd’hui, nous en avons cinq, répartis dans toute la France, ce qui permet de réduire les coûts de transport qui pèsent dans le prix final. Cela étant, il y a encore pénurie de certains fruits et légumes bio comme les pêches, les cerises ou encore les abricots.